Les océanographes de Mercator Ocean International examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial pour le mois de juillet et les prévisions pour les premiers jours d’août 2023. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilation des observations satellitaires et in situ) et aux prévisions de modèles. ¹


Bilan du mois en cours juillet 2023
- La vague de chaleur en Méditerranée occidentale s’est étendue à l’ensemble du bassin oriental, maintenant une catégorie forte à sévère en mer d’Alboran et dans le sud-ouest de la Méditerranée. Les régions autour de l’Italie et au nord de la Tunisie connaissent également une forte vague de chaleur, comme c’est le cas localement dans le bassin oriental de la Méditerranée. Les anomalies de température les plus importantes se situent dans le sud-ouest, avec des valeurs hebdomadaires atteignant localement 5°C (par rapport aux valeurs moyennes obtenues sur la même semaine entre 1993 et 2016).
- La vague de chaleur qui a balayé la majeure partie de l’Atlantique nord-est en juin a fortement diminué en étendue géographique, n’affectant que la péninsule ibérique, et est devenue modérément à localement intense. Les anomalies hebdomadaires atteignent 2 à 2,5°C sur le golfe de Gascogne.
- Une vague de chaleur est toujours présente dans l’Atlantique Nord tropical (de 15°N à 30°N) et s’étend sur toute la largeur du bassin, allant de fort à sévère à l’est et de modéré à fort à l’ouest.
- La zone au sud du Groenland est soumise à une vague de chaleur depuis plus d’une semaine, qui s’étend maintenant au-delà de la mer du Labrador jusqu’au sud de Terre-Neuve.
- La vague de chaleur dans le Pacifique nord-est reste modérée à forte.
- Le Pacifique tropical connaît une vague de chaleur modérée atteignant une forte intensité près des côtes du Pérou, ce qui correspond aux conditions actuelles d’El Niño.
- L’hémisphère sud connaît également des vagues de chaleur dans le Pacifique sud-ouest, à l’est de la Nouvelle-Zélande.
Prévisions à partir de la 4ème semaine de juillet 2023
- La vague de chaleur présente sur l’ensemble du bassin méditerranéen s’intensifie sur toute la moitié orientale de la Tunisie au Moyen-Orient, passant de modérée à localement forte à forte et sévère entre la Libye et l’ouest de la Grèce, ainsi que sur l’extrémité orientale du bassin. La température moyenne hebdomadaire est supérieure à 3°C sur la majeure partie du bassin occidental, dépassant 5°C sur la Tunisie, la mer Tyrrhénienne et la Corse occidentale.
- Dans la zone nord-est de l’Atlantique, la vague de chaleur continue à s’atténuer jusqu’à disparaître. En revanche, dans l’Atlantique nord-ouest, la vague de chaleur s’étend vers l’est et son intensité passe de forte à sévère sur la mer du Labrador et l’est de Terre-Neuve.
- La vague de chaleur dans les tropiquesl’Atlantique Nord qui s’étend sur toute la bande tropicale reste stable dans les modèles.
- La vague de chaleur dans le Pacifique Nord tropical s’intensifie vers l’est sur l’Amérique centrale.

Le panneau du bas reprend les courbes des vagues de chaleur sévères (rouge) et extrêmes (marron) du panneau du milieu, à une échelle plus petite pour donner une image plus claire des tendances (à gauche, jusqu’à 1 000 000 de kilomètres carrés pour la catégorie sévère ; à droite, jusqu’à 250 000 kilomètres carrés pour la catégorie extrême).
Critères utilisés : Oliver et al (2021) https://doi.org/10.1146/annurev-marine-032720-095144
Les vagues de chaleur marine sont des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, avec des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalitémassive2
Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ?
Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur au cours duquel la température est significativement supérieure à un certain seuil pendant au moins 5 jours consécutifs.

Le seuil variable selon les saisons est défini quotidiennement en fonction d’une période climatique suffisamment longue (en l’occurrence 1993-2016). Ainsi, pour un lieu et un jour donné, connaissant l’ensemble des températures de surface observées sur les 30 dernières années, une situation de canicule est définie comme une situation où la température mesurée est comprise dans les 10 % des valeurs maximales observées (c’est-à-dire au-dessus du 90e quantile, voir schéma), pendant au moins 5 jours consécutifs.
Les principales caractéristiques des canicules sont leur durée et leur intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degrés au-dessus du 90e quantile (flèche bleue), qui peut être calculée soit comme l’intensité cumulée tout au long de l’événement caniculaire, soit comme l’intensité maximale.
Les vagues de chaleur sont classées en fonction de leur écart par rapport à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart de plus de 2 fois la différence entre le 90e quantile et le 90e quantile (flèche verte) est considéré comme une anomalieun écart de plus de 2 fois par rapport à la moyenne correspond à une vague de chaleur de catégorie forte ; un écart de plus de 3 fois correspond à une vague de chaleur de catégorie sévère ; et un écart de plus de 4 fois correspond à une vague de chaleur de catégorie extrême.
¹Analyse des jeux de données : Analyse des observations de la température de surface de la mer OSTIA (Copernicus Marine Service), analyse des observations de la température de surface de la mer OISST (NOAA), modèle GLO12 (Copernicus Marine Service, Mercator Ocean International)
² IPCC AR6 SYR 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf