Les océanographes de Mercator Ocean International examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial et fournissent des prévisions pour la deuxième semaine d’août 2023. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilation des observations satellitaires et in situ) et aux prévisions de modèles. ¹


Bilan de la première semaine d’août
- La canicule sur le bassin méditerranéen disparaît progressivement, bien qu’elle soit encore présente dans la partie sud du bassin : à l’ouest, en mer d’Alboran, la canicule, qui dure depuis plus d’un mois, reste forte à extrême localement ; plus au centre, à l’est de la Libye, le niveau est sévère. Modèles et observations sont en accord sur l’état du bassin.
- Dans l’Atlantique Nord tropical (15°N à 30°N), la vague de chaleur est globalement forte, avec des niveaux localement sévères désormais concentrés plus à l’ouest.
- L’ensemble du bassin de l’Atlantique Nord connaît une anomalie de température de surface positive, avec des anomalies hebdomadaires de plus de 4 degrés persistant à l’ouest de Terre-Neuve, où une vague de chaleur forte à sévère sévit toujours.
- Le Pacifique tropical connaît une vague de chaleur modérée atteignant une forte intensité près des côtes du Pérou, ce qui est conforme aux conditions actuelles d’El Niño.
- Les vagues de chaleur marine dans le Pacifique Nord se transforment en conditions fortes, en particulier au large du Japon et près de la côte nord-ouest des États-Unis.
Prévisions pour la 2e semaine d’août
- Les prévisions confirment que la vague de chaleur dans le bassin méditerranéen s’atténue et continuera à s’atténuer jusqu’à disparaître complètement. La mer d’Alboran reste à un niveau élevé à sévère, très localement sur la côte marocaine près du détroit. Les côtes orientales du bassin sont à des niveaux modérés, à l’exception de fortes intensités à l’est de la Grèce et sur la côte égyptienne.
- La zone tropicale de l’Atlantique Nord reste dans des conditions de forte vague de chaleur marine, et des zones locales de niveaux sévères sont concentrées dans le Golfe du Mexique.
- L’état du bassin de l’Atlantique Nord se poursuit en termes d’anomalies positives de température de surface.

Critères utilisés : Oliver et al. (2021) https://doi.org/10.1146/annurev-marine-032720-095144

Que sont les vagues de chaleur marines ?
Les vagues de chaleur marines (MHW) sont des hausses extrêmes de la température des océans pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, avec des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalitémassive2
Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ?
Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur au cours duquel la température est significativement supérieure à un certain seuil pendant au moins 5 jours consécutifs.

Le seuil variable selon les saisons est défini quotidiennement en fonction d’une période climatique suffisamment longue (en l’occurrence 1993-2016). Ainsi, pour un lieu et un jour donné, connaissant l’ensemble des températures de surface observées sur les 30 dernières années, une situation de canicule est définie comme une situation où la température mesurée est comprise dans les 10 % des valeurs maximales observées (c’est-à-dire au-dessus du 90e quantile, voir schéma), pendant au moins 5 jours consécutifs.
Les principales caractéristiques des canicules sont leur durée et leur intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degrés au-dessus du 90e quantile (flèche bleue), qui peut être calculée soit comme l’intensité cumulée tout au long de l’épisode de canicule, soit comme l’intensité maximale.
Les vagues de chaleur sont classées en fonction de leur écart par rapport à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart de plus de 2 fois la différence entre le 90e quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de la catégorie forte ; un écart de plus de 3 fois correspond à une vague de chaleur de la catégorie sévère ; et un écart de plus de 4 fois correspond à une vague de chaleur de la catégorie extrême.
¹Analyse des ensembles de données : Analyse des observations de la température de surface de la mer OSTIA (Copernicus Marine Service), analyse des observations de la température de surface de la mer OISST (NOAA), modèle GLO12 (Copernicus Marine Service, Mercator Ocean International)
² IPCC AR6 SYR 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf