Les océanographes de Mercator Ocean International (MOi) examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilant les observations par satellite et in situ) et aux prévisions de modèles. ¹


Évaluation pour le 26 septembre
- zone Europe :
- La canicule marine ne se manifeste plus que très localement en Méditerranée occidentale, avec une réduction d’intensité à un niveau modéré, ainsi que dans la partie orientale du bassin.
- La même tendance est observée le long du front atlantique.
- La canicule en mer du Nord, dans le golfe de Gascogne et au large de la péninsule ibérique diminue en étendue et en intensité à un niveau modéré.
- Dans les différentes régions européennes, les anomalies hebdomadaires de température se situent entre 1,5°C et 2,5°C. Autour de l’Irlande, les anomalies sont de l’ordre de 0,5°C.
- Zone mondiale :
- Dans l’ Atlantique tropical, l’étendue de la vague de chaleur reste stable et son intensité diminue légèrement. La majeure partie de la zone reste dans la catégorie forte à sévère. Les anomalies de température associées sont de l’ordre de 1°C.
- La vague de chaleur dans le Golfe du Mexique reste dans la catégorie modérée à sévère, mais la partie nord-est perd de l’intensité, tombant dans la catégorie modérée. Les anomalies hebdomadaires de température sont de l’ordre de 1,5°C.
- Dans le Pacifique tropical, la vague de chaleur liée à la formation d’El Niñopersiste. L’étendue de la vague de chaleur de catégorie forte augmente vers le nord. L’anomalie hebdomadaire de température dans la partie orientale du bassin est d’environ 3°C. A l’ouest du bassin, une vague de chaleur de catégorie forte se renforce sur les îles du Pacifique.
- La vague de chaleur qui s’est développée en mer de Chine s’atténue légèrement.
- La vague de chaleur dans le Pacifique Nord-Est se maintient mais s’accentue au centre du bassin, au nord d’Hawaï, à un niveau modéré, localement fort, et disparaît dans la zone Nord-Est, au large des côtes de l’Amérique du Nord. Les anomalies hebdomadaires de température sont de l’ordre de 2°C sur la partie centrale, mais peuvent atteindre 3°C sur la partie ouest.
- Dans l’ouest de l’ océan Indien, la canicule s’intensifie en mer d’Arabie, avec des catégories fortes à sévères et des anomalies hebdomadaires de température de l’ordre de 1°C.
Prévisions jusqu’au 3 octobre
- Zone Europe :
- Pour le 3 octobre, le système de prévision Mercator Ocean International (MOI) prévoit le retour d’une canicule modérée sur la Méditerranée occidentale. La tendance est suivie dans le Golfe de Gascogne et au large de la Péninsule Ibérique : la vague de chaleur augmente en superficie et en intensité, avec des niveaux sévères à localement extrêmes pour la Péninsule Ibérique. Cette vague s’étend au-delà de la zone européenne jusqu’au centre du bassin de l’Atlantique Nord.
- Zone globale :
- Pour le 3 octobre, Mercator Ocean International prévoit une augmentation de l’intensité de la vague de chaleur dans l’ Atlantique tropical, avec des catégories sévères et extrêmes autour des Caraïbes et vers les côtes africaines.
- Dans le Pacifique tropical nord-est, la vague de chaleur se renforce dans sa partie nord (au large du Mexique), atteignant les catégories forte à sévère.
- La vague de chaleur dans le Pacifique nord reste présente au centre du bassin.
- La vague de chaleur dans l’ océan Indien occidental diminue en intensité et en étendue géographique.
Qu’est-ce qu’une vague de chaleur marine ?
Les vagues de chaleur marine (VCM) sont des élévations extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui a eu des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalitémassive2
Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ?
Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur au cours duquel la température est significativement supérieure à un certain seuil pendant au moins 5 jours consécutifs.

Le seuil variable selon les saisons est défini quotidiennement en fonction d’une période climatique suffisamment longue (en l’occurrence 1993-2016). Ainsi, pour un lieu et un jour donné, connaissant l’ensemble des températures de surface observées sur les 30 dernières années, une situation de canicule est définie comme une situation où la température mesurée est comprise dans les 10 % des valeurs maximales observées (c’est-à-dire au-dessus du 90e quantile, voir schéma), pendant au moins 5 jours consécutifs.
Les principales caractéristiques des canicules sont leur durée et leur intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degrés au-dessus du 90e quantile (flèche bleue), qui peut être calculée soit comme l’intensité cumulée tout au long de l’épisode de canicule, soit comme l’intensité maximale.
Les vagues de chaleur sont classées en fonction de leur écart par rapport à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart de plus de 2 fois la différence entre le 90e quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de la catégorie forte ; un écart de plus de 3 fois correspond à une vague de chaleur de la catégorie sévère ; et un écart de plus de 4 fois correspond à une vague de chaleur de la catégorie extrême.
¹Analyse des ensembles de données : Analyse des observations de la température de surface de la mer OSTIA (Copernicus Marine Service), analyse des observations de la température de surface de la mer OISST (NOAA), modèle GLO12 (Copernicus Marine Service, Mercator Ocean International)
² IPCC AR6 SYR 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf