La glace de mer dans l’Arctique continue de décliner

Principaux enseignements :

Cette année, la glace de mer a chuté de façon spectaculaire à l’échelle mondiale, sous l’effet conjugué de la fonte importante, désormais habituelle, au printemps de l’hémisphère nord dans l’Arctique et de l’absence significative de croissance de la glace de mer à l’automne de l’hémisphère sud dans l’Antarctique.

  • Le 12 septembre 2023, l’étendue de la glace de mer dans l’Arctique a atteint son minimum annuel, avec 3,9 millions dekm2, soit 1,7 million dekm2 de moins par rapport à la moyenne à long terme (1993-2010).  Cela correspond à une perte de glace de mer de 2,8 fois la taille de la France (toutes régions confondues).
  • En 2023, le volume minimum de glace de mer arctique de septembre a atteint un record historique de 3 200km3.
  • En septembre 2023, l’étendue de la glace de mer arctique est la sixième plus faible observée depuis le début des relevés par satellite.
  • Les 17 derniers minimums annuels de l’étendue de la glace de mer arctique sont également les 17 plus bas jamais observés (depuis 1979).

Minimums de septembre de la glace de mer arctique

https://www.youtube.com/watch?v=B0sHtBrEoGw
Concentration de la glace de mer arctique (%) de janvier à septembre 2023.

Étendue de la glace de mer en septembre 2023

Pour 2023, la glace de mer arctique a atteint son minimum annuel le 12 septembre. On observe une forte diminution de la couverture de glace de mer dans le gyre de Beaufort et le long du continent eurasien pendant les périodes de printemps et d’été de l’hémisphère nord. Les routes du passage du Nord-Ouest dans l’archipel canadien semblent largement libres de glace cette année. La figure 1 montre la concentration de glace de mer arctique pour le 12 septembre 2023 (en rouge foncé), l’année 2012 étant la plus faible jamais observée (en orange), toutes deux bien en dessous de la moyenne à long terme pour la période 1993-2010 (en gris).

Les records historiques des minima de l’étendue de la glace de mer en septembre sont :

  • 2007 : 3.7 millions dekm2
  • 2012 : 3.2 millions dekm2  (la plus faible jamais observée)
  • 2019 : 3,8 millions dekm2
  • 2020 : 3,4 millions dekm2
  • 2023 : 3,9 millions dekm2  (la6e plus faible jamais observée)
Figure 1 : Concentration de la glace de mer arctique pour le 12 septembre de 2023 (rouge foncé), 2012 (orange), 2020 (rouge clair) et pour la climatologie 1993-2010 (en gris). Le 12 septembre est le minimum annuel de glace de mer arctique pour 2023. Prévisions mondiales à 1/12° (Lellouche, 2018) et réanalyse (Lellouche, 2022). Source : Mercator Ocean International, Copernicus Marine Service.

Cette année poursuit la tendance au déclin alarmant de la glace de mer dans l’Arctique. Pour le 12 septembre 2023, l’étendue de la glace de mer a atteint 3,9 millions dekm2, soit 1,7 million dekm2 de moins que la moyenne à long terme (climatologie 1993-2010). Cela correspond à une perte de glace de mer de 2,8 fois la taille de la France (toutes régions confondues). La figure 2 montre les anomalies de l’étendue de la glace de mer, les lignes bleues indiquant les augmentations et les lignes rouges les diminutions par rapport à la moyenne à long terme.

Figure 2 : Anomalie de l’étendue de la glace de mer dans l’Arctique de 1993 à 2023 par rapport à la moyenne à long terme 1993-2010 (climatologie). Systèmes mondiaux de prévision et de réanalyse à 1/12°. Source : Mercator Ocean International, Copernic : Mercator Ocean International, Copernicus Marine Service.

Importance de la surveillance en septembre

La surveillance de l’étendue de la glace de mer arctique et antarctique en septembre est cruciale car elle représente le point minimum annuel de la couverture de glace de mer dans l’Arctique et le maximum dans l’Antarctique (septembre/octobre). Ces mesures des minimums et des maximums constituent un indicateur essentiel de l’impact du changement climatique.

Volume de glace de mer arctique

https://youtu.be/j8sSR84GVfk
Volume de glace de mer arctique (km3)

Contrairement à l’Antarctique, où le déclin régulier de la glace de mer n’a commencé qu’en 2016, l’Arctique perd régulièrement de la glace de mer depuis 1993. La figure 3 illustre le volume de la glace de mer arctique au fil du temps, en mettant en évidence les années record de 2023 (rouge foncé)d), 2020 (ligne rouge clair) et 2012 (ligne orange), qui se situent bien en dessous de la moyenne à long terme (1993-2020).

Figure 3 : Volume de la glace de mer arctique au fil du temps entre 1993 et 2023. La ligne grise représente la moyenne pour 1993-2020 (climatologie). La ligne rouge foncé indique l’année 2023, la ligne rouge clair 2020, la ligne orange 2012 et les lignes bleu clair les années restantes entre 1993 et 2023. Systèmes mondiaux de prévision et de réanalyse à 1/12°. Source : Mercator Ocean International : Mercator Ocean International, Copernicus Marine Service.

De 1993 à 2006, le volume minimum de glace de mer de septembre a atteint entre 11 000 et 17 000km3. Depuis 2007, les minimums de volume de glace de mer de septembre descendent entre 3 200 et 8 700km3. L’année 2007 a été le premier minimum historique avec 7 100km3.

De nouveaux records pour le volume minimum de glace de mer arctique en septembre ont été dépassés au cours des dernières années :

  • 2007 : 7 100 km3  (premier minimum historique)
  • 2012 : 4 200km3
  • 2020 : 3 900km3
  • 2021 : 3 400km3
  • 2022 : 3 600km3
  • 2023 3 200km3 (minimum historique)

Ce comportement met en évidence la perte continue de glace plus épaisse et pluriannuelle, conformément aux observations. La figure 4 illustre les anomalies de volume de glace de mer, qui décrivent le gain de glace de mer en bleu et la perte en rouge par rapport à la moyenne à long terme (période de référence 1993-2010).

Figure 4 : Anomalie de volume de glace de mer dans l’Arctique de 1993 à 2023, par rapport à la moyenne de la période de référence 1993-2010. Systèmes mondiaux de prévision et de réanalyse à 1/12°. Source : Mercator Ocean International, Copernic : Mercator Ocean International, Copernicus Marine Service.

Diminution de la couverture mondiale de glace de mer

Cette année, la glace de mer a chuté de façon spectaculaire à l’échelle mondiale, sous l’effet conjugué de la fonte importante, désormais habituelle, au printemps de l’hémisphère nord dans l’Arctique, et de l’absence significative de croissance de la glace de mer à l’automne de l’hémisphère sud dans l’Antarctique. Cette baisse historique de l’étendue de la glace de mer a commencé en mai et s’est poursuivie, la couverture de glace de mer aux deux pôles se situant entre 20 et 22 millions dekm2 depuis lors. La figure 5 montre que l’étendue totale des glaces de mer de l’Arctique et de l’Antarctique pour 2023 est la plus faible jamais enregistrée pour les mois de juin, juillet, août et septembre, respectivement.

Figure 5 : Étendue des glaces de mer de l’Arctique et de l’Antarctique entre 1993 et 2023. La ligne rouge foncé représente l’année 2023. Systèmes mondiaux de prévision et de réanalyse à 1/12°. Source : Mercator Ocean International, Copernic : Mercator Ocean International, Copernicus Marine Service

Implications climatiques de la perte mondiale de glace de mer

L’albédo de la Terre, ou sa capacité à réfléchir la lumière du soleil, est fortement influencé par l’étendue de la couverture de glace à la surface de la planète. La glace, avec sa grande réflectivité, a un effet refroidissant significatif sur le climat de la Terre en renvoyant une grande partie du rayonnement solaire entrant dans l’espace. À mesure que la couverture glaciaire mondiale diminue en raison du changement climatique, davantage de lumière solaire est absorbée par des surfaces plus sombres telles que l’eau et la terre, ce qui peut entraîner un réchauffement accru, une modification des conditions météorologiques et une aggravation du changement climatique mondial.


Ressources complémentaires :
Copernicus Marine produits utilisés :
  • GLORYS12V1 réanalyse océanique globale avec résolution des tourbillons (résolution horizontale de 1/12°, 50 niveaux verticaux) couvrant l’altimétrie (à partir de 1993). https://doi.org/10.48670/moi-00021
  • Le système opérationnel Mercator d’analyse et de prévision de l’océan global à 1/12 degré. https://doi.org/10.48670/moi-00016
Références :

Zhang, L., Delworth, T.L., Yang, X. et al. The relative role of the subsurface Southern Ocean in driving negative Antarctic Sea ice extent anomalies in 2016-2021. Commun Earth Environ 3, 302 (2022). https://doi.org/10.1038/s43247-022-00624-1

Jean-Michel L, Eric G, Romain Bé-B, Gilles G, Angélique M, Marie D, Clément B, Mathieu H, Olivier LG, Charly R, Tony C, Charles-Emmanuel T, Florent G, Giovanni R, Mounir B, Yann D et Pierre-Yves LT (2021) The Copernicus Global 1/12° Oceanic and Sea Ice GLORYS12 Reanalysis. Front. Earth Sci. 9:698876. doi : 10.3389/feart.2021.698876 

Lellouche, J.-M., Greiner, E., Le Galloudec, O., Garric, G., Regnier, C., Drevillon, M., Benkiran, M., Testut, C.-E., Bourdalle-Badie, R., Gasparin, F., Hernandez, O., Levier, B., Drillet, Y., Remy, E., et Le Traon, P.-Y. : Recent updates to the Copernicus Marine Service global ocean monitoring and forecasting real-time 1∕12° high-resolution system, Ocean Sci., 14, 1093-1126, https://doi.org/10.5194/os-14-1093-2018, 2018.