Les océanographes de Mercator Ocean International (MOi) examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilation des observations par satellite et in situ) et aux prévisions de modèles. ¹
Bilan pour octobre 17
Zone Europe
- la canicule marine le long de la côte atlantique est toujours présente, avec des catégories modérées à sévères, voire localement sévères, sur une large zone allant de la péninsule ibérique à la Manche.
- La vague de chaleur marine en Méditerranée occidentale s’intensifie, avec une couverture plus étendue des catégories sévères.
- Les anomalies hebdomadaires de température vont de 1,5°C à plus de 3°C le long de la côte atlantique et en Méditerranée occidentale.

Zone globale
- Dans l’ Atlantique tropical, la vague de chaleur marine qui s’étend de la péninsule ibérique à l’équateur s’intensifie, devenant sévère sur toute la zone comprise entre 30°N et l’équateur. Les anomalies de température associées sont de l’ordre de 1°C à 2°C. La zone de canicule marine couvrant le Golfe du Mexique et la Mer des Caraïbes reste à un niveau élevé, dans la catégorie forte à sévère, avec localement des catégories extrêmes. Les anomalies hebdomadaires de température dans ces zones sont de l’ordre de 1,5°C.
- Dans le Pacifique tropical, la vague de chaleur marine liée à la formation d’ El Niño reste stable à une intensité modérée. L’anomalie hebdomadaire de température dans la partie orientale du bassin est de l’ordre de 1,5°C à 3°C.
- Dans le Pacifique Nord, la vague de chaleur marine est toujours présente mais diminue à un niveau modéré. Les anomalies hebdomadaires de température sont de l’ordre de 1 à 2°C.
- Dans l’ouest de l ‘océan Indien, la vague de chaleur marine au large de Madagascar et dans la mer d’Arabie s’intensifie, avec davantage de zones affectées par des catégories fortes. Les anomalies hebdomadaires de température sont de l’ordre de 1°C à 2°C.

Prévisions pour le 24 octobre
Zone Europe
- Pour le 24 octobre, le système de prévision de Mercator Ocean International (MOI) prévoit une très forte réduction de la canicule marine le long de la côte atlantique et autour de la péninsule ibérique, où il ne reste plus que des zones de catégorie modérée.
- En revanche, la vague de chaleur marine autour de la Corse reste stable à des niveaux forts à localement sévères.
Zone globale
- Pour le 24 octobre, le MOI prévoit une vague de chaleur marine stable en étendue dans l’ Atlantique tropical, mais qui deviendra moins intense avec des passages de catégorie forte à modérée. La vague de chaleur marine dans la mer des Caraïbes et le golfe du Mexique restera localement forte à extrême.
- Dans le Pacifique tropical, la situation reste stable.
- La vague de chaleur marine dans le Pacifique Nord continue de s’atténuer, passant essentiellement à la catégorie modérée.
- La vague de chaleur marine dans l’ouest de l’ océan Indien est toujours présente. La zone située à l’ouest de la mer d’Oman perd de son intensité, passant de sévère à forte ; plus à l’est, le long de la côte ouest de l’Inde, le ministère de l’environnement prévoit une intensification de la vague de chaleur marine, qui passera à une catégorie sévère.
Qu’est-ce qu’une vague de chaleur marine ?
Les vagues de chaleur marine (VTM) sont des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui a eu des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalitémassive2
Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ?
Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur au cours duquel la température est significativement supérieure à un certain seuil pendant au moins 5 jours consécutifs.

Le seuil variable selon les saisons est défini quotidiennement en fonction d’une période climatique suffisamment longue (en l’occurrence 1993-2016). Ainsi, pour un lieu et un jour donné, connaissant l’ensemble des températures de surface observées sur les 30 dernières années, une situation de canicule est définie comme une situation où la température mesurée est comprise dans les 10 % des valeurs maximales observées (c’est-à-dire au-dessus du 90e quantile, voir schéma), pendant au moins 5 jours consécutifs.
Les principales caractéristiques des canicules sont leur durée et leur intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degrés au-dessus du 90e quantile (flèche bleue), qui peut être calculée soit comme l’intensité cumulée tout au long de l’épisode de canicule, soit comme l’intensité maximale.
Les vagues de chaleur sont classées en fonction de leur écart par rapport à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart de plus de 2 fois la différence entre le 90e quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de la catégorie forte ; un écart de plus de 3 fois correspond à une vague de chaleur de la catégorie sévère ; et un écart de plus de 4 fois correspond à une vague de chaleur de la catégorie extrême.
¹Analyse des ensembles de données : Analyse des observations de la température de surface de la mer OSTIA (Copernicus Marine Service), analyse des observations de la température de surface de la mer OISST (NOAA), modèle GLO12 (Copernicus Marine Service, Mercator Ocean International)
² IPCC AR6 SYR 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf