Mercator Ocean a contribué au rapport 2025 Indicators of Global Climate Change (IGCC) qui vient d’être publié et qui lance un avertissement sévère : il ne reste au monde qu’un peu plus de trois ans de budget carbone pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Publié dans Earth System Science Data et dévoilé le 19 juin 2025, le rapport est la mise à jour annuelle la plus complète à ce jour sur l’état du système climatique mondial.

L’édition de cette année, produite par 61 scientifiques de 54 institutions dans 17 pays, élargit son champ d’application à dix indicateurs climatiques clés, dont les émissions de gaz à effet de serre, la température à la surface du globe et, pour la première fois, les précipitations terrestres et l’élévation du niveau de la mer à l’échelle mondiale.
Parmi les résultats les plus urgents :
- Le budget carbone restant pour 1,5°C est estimé à 130 milliards de tonnes de CO₂, qui pourraient être épuisées en un peu plus de trois ans aux taux d’émission actuels ;
- Le niveau de la mer a augmenté de 26 mm entre 2019 et 2024, soit plus du double du taux moyen à long terme depuis 1900 ;
- La meilleure estimation de l’augmentation de la température à la surface du globe en 2024 est de 1,52°C, dont 1,36°C est attribuée à l’activité humaine ;
- Le réchauffement induit par l’homme s’est accéléré pour atteindre 0,27°C par décennie (2015-2024), la dernière décennie ayant été plus chaude de 0,31°C que la précédente.
Le professeur Piers Forster, directeur du Priestley Centre for Climate Futures à l’université de Leeds et auteur principal de l’étude, a déclaré :
« Notre troisième édition annuelle des indicateurs du changement climatique mondial montre que les niveaux et les rythmes de réchauffement sont sans précédent. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’atteindre des niveaux record, ce qui signifie que nous sommes de plus en plus nombreux à subir des effets climatiques dangereux. Les températures ont augmenté d’année en année depuis le dernier rapport du GIEC en 2021, ce qui montre que les politiques climatiques et le rythme des mesures prises pour lutter contre le changement climatique ne sont pas à la hauteur de ce qui est nécessaire pour faire face aux conséquences de plus en plus graves »
La contribution de Mercator Ocean a été menée par le Dr Karina Von Schuckmann, conseillère principale en sciences océaniques pour la politique, qui a souligné le rôle essentiel de l’océan dans l’absorption de l’excès de chaleur :
« L’océan stocke environ 91 % de cet excès de chaleur dû aux émissions de gaz à effet de serre, ce qui entraîne un réchauffement de l’océan. Le réchauffement des eaux entraîne une élévation du niveau des mers et une intensification des phénomènes météorologiques extrêmes, et peut avoir des effets dévastateurs sur les écosystèmes marins et les communautés qui en dépendent. En 2024, l’océan a atteint des valeurs record au niveau mondial »
Ce point de vue est essentiel. Le rapport souligne que le réchauffement des océans n’est pas seulement un symptôme du changement climatique, mais qu’il est également à l’origine d’autres conséquences, allant de la montée des eaux aux phénomènes météorologiques extrêmes. L’inclusion d’indicateurs océaniques dans le GIEC reflète la reconnaissance croissante du rôle central de l’océan dans la dynamique du climat.
Le leadership de Mercator Ocean dans ce domaine renforce sa mission de fournir une science océanique exploitable pour la politique et le bien public. Alors que la crise climatique s’intensifie, l’expertise de l’organisation contribue à façonner la compréhension mondiale et les stratégies de réponse.
L’initiative IGCC continue de servir de pont critique entre la science du climat et la politique, en suivant la chaîne de causalité des émissions aux impacts. La fenêtre pour limiter le réchauffement se refermant rapidement, le rapport appelle à des réductions urgentes et profondes des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
À propos de l’initiative IGCC
L’initiative « Indicateurs du changement climatique mondial » (IGCC) réunit chaque année une équipe internationale de scientifiques afin de fournir les données les plus récentes sur l’évolution du système climatique. Le GIEC propose des mises à jour des indicateurs clés initialement rapportés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), en suivant les méthodologies du sixième rapport d’évaluation du GIEC (AR6).
Le rapport suit la chaîne de causalité entre les émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement induit par l’homme et son impact sur le budget carbone restant, démontrant ainsi comment l’activité humaine affecte le système climatique physique.
Le CIGC collabore également avec le Climate Change Tracker afin d’offrir une plateforme fiable et conviviale pour visualiser et comprendre ces indicateurs. De plus amples informations sont disponibles sur le site web de l’IGCC.