Mercator Ocean Bulletin: Vagues de Chaleur Marine au 23 janvier

Les océanographes de Mercator Ocean International (MOi) examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilant les observations par satellite et in situ) et aux prévisions de modèles.[1]

Bilan pour le 23 janvier

Catégories de vagues de chaleur marine

Figure 1:  Carte des catégories de vagues de chaleur marine pour le 23 Janvier 2024 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse GLO12. Source: Mercator Ocean International 
Atlantique Nord
La canicule marine présente depuis plusieurs mois se maintient comme la semaine précédente avec des catégories majoritairement fortes le long des côtes Marocaines et au sud-ouest de la péninsule ibérique, et majoritairement modérées dans le golfe de Gascogne.

Mer Mediterranée
La situation reste également stable dans la majeure partie du bassin avec des canicules marines de catégories modérées à localement fortes.

Atlantique Tropical Nord
La canicule marine détectée depuis plusieurs mois est toujours présente mais les catégories fortes diminuent en superficie.

Atlantique Tropical Sud
Brésil et la Namibie – Augmentation de l’intensité de forte à localement extrême le long de la côte brésilienne au niveau de l’équateur.

15°S et 30°S et vers 20°W – Réduction en intensité passant très majoritairement en catégories modérées.

Pacifique Tropical
La canicule marine liée à la formation d’El Niño reste majoritairement stable avec des catégories de niveau modérée excepté dans la partie la plus à l’ouest où l’on observe une augmentation de la superficie des catégories fortes jusque dans la mer de Corail, à l’est de l’Australie.

Océan Indien
La canicule marine présente à l’Est de Madagascar et dans la Mer d’Arabie a diminué en superficie comme en intensité et comporte majoritairement des catégories modérées à fortes localement.

Mers d’Asie du Sud Est – la canicule marine diminue en intensité et passe majoritairement en catégorie modérée.

Anomalies hebdomadaires de température

Atlantique Nord – 1.5°C et 3°C

Mer Méditerranée – 1.5 à 3°C localement

Atlantique Tropical Nord – 1°C et 2°C

Atlantique Tropical Sud -1°C et 2°C, et 3°C localement

Pacifique Tropical – 1.5°C et 3°C

Est de Madagascar et Mer d’Arabie – 2°C et 3°C

Mers d’Asie du Sud Est –1°C

Prévisions pour le 30 Janvier

Figure 2: Carte d’anomalies hebdomadaires de température de surface pour la semaine du 23 au 30 janvier 2024 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse GLO12. Source: Mercator Ocean International.

Zone Europe

Atlantique Nord – Un maintien de la canicule marine sur toute la façade Nord Atlantique avec une légère augmentation d’intensité notamment au sud-ouest de la péninsule Ibérique et des côtes Marocaines ainsi que dans le golfe de Gascogne.

Mer Mediterranée – La situation reste stable excepté dans la partie occidentale où est prévue une augmentation en superficie des catégories modérées et fortes.

Zone Globale

Atlantique Tropical Nord – La canicule marine reste stable.

Atlantique Tropical Sud – La canicule marine entre la Namibie et la pointe du Brésil continue de gagner en intensité avec un développement des catégories fortes et sévères sur le chemin des alizés.

Pacifique Tropical Est – la situation reste stable avec des catégories majoritairement modérées et localement fortes dans la partie la plus à l’Est du bassin.

Ocean Indien

Mer de Corail – la vague de chaleur marine de catégorie forte à sévère se situe plus à l’est et diminue en intensité.

Golf du Bengale – la canicule marine gagne en intensité dans la partie nord avec un développement des catégories fortes en particulier.


Qu’est-ce qu’une vague de chaleur marine?

Les vagues de chaleur marine sont des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui a eu des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalité massive.[2]

Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ? 

Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur durant lequel la température est nettement supérieure à la normale pendant un minimum de 5 jours consécutifs. 

Figure adaptée de Hobday et al. (2018)

La normale est définie journalièrement selon une période climatique suffisamment longue (ici 1993-2016). Ainsi, Pour un endroit et un jour donné, connaissant toutes les températures de surface observées sur les 30 dernières années, on qualifie une situation de vague de chaleur lorsque la température mesurée est comprise dans les 10% des valeurs maximales observées (c’est à dire au-dessus du 90ème quantile, voir schéma), et cela au moins 5 jours de suite.     

Les caractéristiques principales des vagues de chaleur sont sa durée et son intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degré au-dessus du 90ème quantile (flèche bleue), nous pouvons soit calculer l’intensité cumulée pendant toute l’évènement de chaleur, ou relever l’intensité maximale.

Les vagues de chaleur sont catégorisées à partir de leur écart à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart supérieur à 2 fois l’écart entre le 90ème quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de catégorie forte ; un écart supérieur à 3 fois, de catégorie sévère ; et un écart supérieur à 4 fois de catégorie extrême.  


[1] Analyse des cartes d’analyse de SST OSTIA (Copernicus Marine Service), OISST (NOAA), GLO12 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), PSY4 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), et de prévision GLO12 et PSY4

[2] IPCC AR6 SYR chapter 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf

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