Mercator Ocean Bulletin: vagues de chaleur marine au 16 janvier

Les océanographes de Mercator Ocean International (MOi) examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilant les observations par satellite et in situ) et aux prévisions de modèles.[1]

Bilan pour le 16 janvier

Catégories de vagues de chaleur marine

Figure 1:  Carte des catégories de vagues de chaleur marine pour le 16 Janvier 2024 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse GLO12. Source: Mercator Ocean International 
  • Atlantique nord (zone Europe) – la canicule marine se renforce légèrement au Sud-Ouest de la péninsule Ibérique et des côtes Marocaines avec une augmentation de la superficie des catégories fortes. La situation reste stable sur le reste de la façade Nord Atlantique avec principalement des canicules marines localisées de catégories modérée.
  • Méditerranéen – La situation reste stable dans la majeure partie du bassin avec essentiellement des canicules marines de catégories modérée à forte, sauf dans le bassin Levantin où la superficie des catégories fortes diminue. La superficie de la canicule marine est stable avec des catégories  modérées à fortes et localement extrême proche des côtes essentiellement en Méditerranée orientale.
  • Atlantique Tropical Nord – la canicule marine reste bien présente mais baisse légèrement en intensité, avec une diminution de la superficie des catégories fortes et extrêmes.
  • Atlantique Tropicale Sud – la canicule marine reste bien présente mais baisse aussi légèrement en intensité, avec une diminution des catégories sévères.
  • Pacifique Tropical – la canicule marine liée à la formation d’El Niño reste majoritairement stable avec des catégories de niveau modérée sauf dans la partie la plus à l’Est où il y a une légère augmentation de la superficie des catégories fortes.
  • Océan Indien (ouest) – la canicule marine présente à l’Est de Madagascar et dans la Mer d’Arabie augmente légèrement en intensité avec une augmentation de la superficie des catégories fortes et localement extrêmes.
  • Mers d’Asie du Sud Est – la canicule marine diminue en intensité et passe majoritairement en catégorie modérée. A l’Est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la canicule marine augmente en intensité avec une augmentation de la superficie des catégories fortes et localement des catégories sévères.

Anomalies hebdomadaires de température

  • Atlantique Europe – 1.5°C et 3°C
  • Méditerranée – 3°C
  • Atlantique Tropical Nord – 1°C et 2.5°C
  • Atlantique Tropical Sud -1°C et 2°C, et 3°C localement
  • Pacifique Tropical – 1.5°C et 3°C
  • Océan Indien (ouest) – 1.5°C et 2.5°C
  • Océan Indien (mers d’Asie du Sud Est) –1.5°C

Prévisions pour le 23 décembre

Figure 2: Carte d’anomalies hebdomadaires de température de surface pour la semaine du 16 au 23 janvier 2024 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse GLO12. Source: Mercator Ocean International.

Zone Europe

  • Pour le 23 janvier, le système de prévision de Mercator Océan International (MOi) prévoit un maintien de la canicule marine sur toute la façade Nord Atlantique. La canicule marine diminue légèrement en intensité au Sud-Ouest de la péninsule Ibérique et des côtes Marocaines.
  • La situation reste stable dans la majeure partie du bassin Méditerranéen sauf dans le bassin Levantin où la canicule marine s’intensifie légèrement.

Zone Globale

  • Pour le 23 janvier, MOi prévoit que la canicule marine présente dans l’Atlantique Tropical Nord continue de diminuer légèrement en intensité, sauf au niveau de l’Equateur où la situation reste stable.
  • Dans l’Atlantique Tropical Sud la canicule marine entre la Namibie et la pointe du Brésil reste stable. La partie de la canicule marine situé au milieu de l’Atlantique Tropical Sud, vers 30°S, diminue en intensité et passe complétement en catégorie modérée.
  • Dans le Pacifique Tropical Est la situation reste stable avec des catégories majoritairement modérées et localement fortes dans la partie la plus à l’Est du bassin.
  • A l’Est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et de l’Australie, la canicule marine augmente en intensité et en superficie, avec une augmentation de la superficie des catégories fortes et sévères.
  • Dans l’Océan Indien, la canicule marine baisse  en intensité sur tout le bassin avec une diminution des catégories fortes et sévères.

Qu’est-ce qu’une vague de chaleur marine?

Les vagues de chaleur marine sont des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui a eu des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalité massive.[2]

Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ? 

Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur durant lequel la température est nettement supérieure à la normale pendant un minimum de 5 jours consécutifs. 

Figure adaptée de Hobday et al. (2018)

La normale est définie journalièrement selon une période climatique suffisamment longue (ici 1993-2016). Ainsi, Pour un endroit et un jour donné, connaissant toutes les températures de surface observées sur les 30 dernières années, on qualifie une situation de vague de chaleur lorsque la température mesurée est comprise dans les 10% des valeurs maximales observées (c’est à dire au-dessus du 90ème quantile, voir schéma), et cela au moins 5 jours de suite.     

Les caractéristiques principales des vagues de chaleur sont sa durée et son intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degré au-dessus du 90ème quantile (flèche bleue), nous pouvons soit calculer l’intensité cumulée pendant toute l’évènement de chaleur, ou relever l’intensité maximale.

Les vagues de chaleur sont catégorisées à partir de leur écart à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart supérieur à 2 fois l’écart entre le 90ème quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de catégorie forte ; un écart supérieur à 3 fois, de catégorie sévère ; et un écart supérieur à 4 fois de catégorie extrême.  


[1] Analyse des cartes d’analyse de SST OSTIA (Copernicus Marine Service), OISST (NOAA), GLO12 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), PSY4 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), et de prévision GLO12 et PSY4

[2] IPCC AR6 SYR chapter 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf

Catégories

Menu