Mercator Ocean Bulletin: vagues de chaleur marine 20 Octobre

Les océanographes de Mercator Ocean International (MOi) examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilant les observations par satellite et in situ) et aux prévisions de modèles.[1]

Bilan pour le 17 Octobre 2023

Zone Europe 

  • Sur la zone Europe, la canicule marine de la façade atlantique est toujours présente avec des catégories modérées à forte, voire localement sévère, couvrant une large zone de la péninsule ibérique jusqu’à la Manche.
  • La canicule marine en Méditerranée occidentale s’intensifie avec une couverture des catégories fortes plus étendues.
  • Les anomalies de température hebdomadaires vont de 1.5°C à plus de 3°C le long de la façade atlantique et dans la Méditerranée occidentale.
Figure 1:  Carte des catégories de vagues de chaleur marine pour le 17 Octobre 2023 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse GLO12. Source: Mercator Ocean International

Zone Globale 

  • Dans l’Atlantique Tropical, la canicule marine qui couvre de la péninsule ibérique jusqu’à l’équateur se renforce en passant en catégorie forte sur tout le domaine compris entre 30°N et l’équateur. Les anomalies de température associées sont de l’ordre de 1°C à 2°C. La zone de canicule marine couvrant le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes reste à un niveau élevé, de catégorie forte à sévère, avec des catégories extrêmes localement. Les anomalies hebdomadaires de température dans ces zones sont d’environ 1.5°C.
  • Dans le Pacifique Tropical, la canicule marine liée à la formation d’El Niño reste stable toujours à un niveau d’intensité modérée. L’anomalie de température hebdomadaire dans l’est du bassin est de l’ordre de 1.5°C à 3°C.
  • La canicule marine située dans le Pacifique Nord est toujours présente mais diminue vers une catégorie modérée. Les anomalies de température hebdomadaires sont d’environ 1 à 2°C.
  • Dans l’ouest de l’Océan Indien, la canicule marine au large de Madagascar et en mer d’Arabie s’intensifie avec plus de zones touchées par des catégories de niveau fort. Les anomalies de température hebdomadaires y sont de l’ordre de 1°C à 2°C.
Figure 2: Carte des catégories de vagues de chaleur marine prévue pour le 24 Octobre 2023 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse GLO12. Source: Mercator Ocean International 
 

Prévisions pour le 24 Octobre

Zone Europe 
  • Pour le 24 Octobre, le système de prévision de Mercator Océan International (MOI) prévoit une très forte diminution de la canicule marine sur la façade Atlantique et le pourtour de la péninsule ibérique où seulement des zones de catégorie modérée restent présentes. En revanche, la canicule marine présente autour de la corse reste stable de niveau fort à localement sévère. 
Zone Globale 
  • Pour le 24 Octobre, MOI prévoit une canicule marine stable en étendue dans l’Atlantique Tropical mais qui perd en intensité avec des passages de catégories forte à modérée. La canicule marine en Mer des Caraïbes et dans le Golfe du Mexique reste présente à un niveau d’intensité sévère à extrême localement.
  • Dans le Pacifique Tropical, la situation reste stable.
  •  La canicule marine dans le Pacifique Nord continue de diminuer passant essentiellement en catégorie modérée.
  •  La canicule marine dans l’ouest de l’Océan Indien est toujours présente. La zone à l’ouest de la mer d’Arabie diminue en intensité passant de sévère à fort ; plus à l’Est le long de la côte ouest indienne MOI prévoit une intensification de la canicule marine atteignant une catégorie sévère.

Qu’est-ce qu’une vague de chaleur marine?

Les vagues de chaleur marine sont des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui a eu des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalité massive.[2]

Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ? 

Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur durant lequel la température est nettement supérieure à la normale pendant un minimum de 5 jours consécutifs. 

Figure adaptée de Hobday et al. (2018)

La normale est définie journalièrement selon une période climatique suffisamment longue (ici 1993-2016). Ainsi, Pour un endroit et un jour donné, connaissant toutes les températures de surface observées sur les 30 dernières années, on qualifie une situation de vague de chaleur lorsque la température mesurée est comprise dans les 10% des valeurs maximales observées (c’est à dire au-dessus du 90ème quantile, voir schéma), et cela au moins 5 jours de suite.     

Les caractéristiques principales des vagues de chaleur sont sa durée et son intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degré au-dessus du 90ème quantile (flèche bleue), nous pouvons soit calculer l’intensité cumulée pendant toute l’évènement de chaleur, ou relever l’intensité maximale.

Les vagues de chaleur sont catégorisées à partir de leur écart à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart supérieur à 2 fois l’écart entre le 90ème quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de catégorie forte ; un écart supérieur à 3 fois, de catégorie sévère ; et un écart supérieur à 4 fois de catégorie extrême.  


[1] Analyse des cartes d’analyse de SST OSTIA (Copernicus Marine Service), OISST (NOAA), GLO12 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), PSY4 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), et de prévision GLO12 et PSY4

[2] IPCC AR6 SYR chapter 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf

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