Mercator Ocean Bulletin: vagues de chaleur marine 27 Octobre

Les océanographes de Mercator Ocean International (MOi) examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilant les observations par satellite et in situ) et aux prévisions de modèles.[1]

Bilan pour le 24 Octobre

Zone Europe 

  • Sur la zone Europe, l’intensité de la canicule marine présente sur la façade atlantique, de la péninsule ibérique à la Manche, a très nettement diminué, passant en catégorie modérée ou retrouvant des températures proches des normales de saison.
  • En Méditerranée, la canicule marine présente dans le bassin Nord-Occidental se maintient autour de la Corse et de la Sardaigne, à un niveau fort à localement sévère, avec des anomalies de température hebdomadaires de l’ordre de 2°C à 3°C.
Figure 1:  Carte des catégories de vagues de chaleur marine pour le 24 Octobre 2023 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse PSY4. Source: Mercator Ocean International

Zone Globale 

  • Dans l’Atlantique Tropical, la canicule marine qui couvre de la péninsule ibérique jusqu’à l’équateur se renforce en passant en catégorie forte sur tout le domaine compris entre 30°N et l’équateur. Les anomalies de température associées sont de l’ordre de 1°C à 2°C. La zone de canicule marine couvrant le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes reste à un niveau élevé, de catégorie forte à sévère, avec des catégories extrêmes localement. Les anomalies hebdomadaires de température dans ces zones sont d’environ 1.5°C.
  • Dans le Pacifique Tropical, la canicule marine liée à la formation d’El Niño reste stable toujours à un niveau d’intensité modérée. L’anomalie de température hebdomadaire dans l’est du bassin est de l’ordre de 1.5°C à 3°C.
  • La canicule marine située dans le Pacifique Nord est toujours présente mais diminue vers une catégorie modérée. Les anomalies de température hebdomadaires sont d’environ 1 à 2°C.
  • Dans l’ouest de l’Océan Indien, la canicule marine au large de Madagascar et en mer d’Arabie s’intensifie avec plus de zones touchées par des catégories de niveau fort. Les anomalies de température hebdomadaires y sont de l’ordre de 1°C à 2°C.

Prévisions pour le 31 Octobre

Figure 2: Carte d’anomalies hebdomadaires de température de surface pour la semaine du 24 au 31 Octobre 2023 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse PSY4. Source: Mercator Ocean International.
 
  • Pour le 31 Octobre, le système de prévision de Mercator Océan International (MOI) prévoit une situation stable sur la façade Atlantique et le pourtour de la péninsule ibérique où quelques zones restent en catégorie modérée.
  • La canicule marine présente en Méditerranée Nord-Occidentale s’atténue, passant globalement en catégorie modérée. Une canicule marine de niveau modéré apparait dans une large partie du bassin oriental.
Zone Globale : 
  • Pour le 31 Octobre, MOI prévoit que la canicule marine présente dans l’Atlantique Tropical reste stable en étendue et en intensité, avec des catégories modérées à fortes. La canicule marine en Mer des Caraïbes et dans le Golfe du Mexique reste présente à un niveau globalement sévère.
  • Dans le Pacifique Tropical, la situation reste stable.
  •  La canicule marine dans le Pacifique Nord reste stable, globalement en catégorie modérée à localement forte.
  •  La canicule marine présente dans l’ouest de l’Océan Indien s’intensifie, passant en catégorie forte sur la majorité de la zone concernée.
  • Une canicule marine semble se développer autour de l’Indonésie.

Qu’est-ce qu’une vague de chaleur marine?

Les vagues de chaleur marine sont des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui a eu des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalité massive.[2]

Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ? 

Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur durant lequel la température est nettement supérieure à la normale pendant un minimum de 5 jours consécutifs. 

Figure adaptée de Hobday et al. (2018)

La normale est définie journalièrement selon une période climatique suffisamment longue (ici 1993-2016). Ainsi, Pour un endroit et un jour donné, connaissant toutes les températures de surface observées sur les 30 dernières années, on qualifie une situation de vague de chaleur lorsque la température mesurée est comprise dans les 10% des valeurs maximales observées (c’est à dire au-dessus du 90ème quantile, voir schéma), et cela au moins 5 jours de suite.     

Les caractéristiques principales des vagues de chaleur sont sa durée et son intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degré au-dessus du 90ème quantile (flèche bleue), nous pouvons soit calculer l’intensité cumulée pendant toute l’évènement de chaleur, ou relever l’intensité maximale.

Les vagues de chaleur sont catégorisées à partir de leur écart à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart supérieur à 2 fois l’écart entre le 90ème quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de catégorie forte ; un écart supérieur à 3 fois, de catégorie sévère ; et un écart supérieur à 4 fois de catégorie extrême.  


[1] Analyse des cartes d’analyse de SST OSTIA (Copernicus Marine Service), OISST (NOAA), GLO12 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), PSY4 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), et de prévision GLO12 et PSY4

[2] IPCC AR6 SYR chapter 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf

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