Mercator Ocean Bulletin: Vagues de Chaleur Marine au 30 janvier

Les océanographes de Mercator Ocean International (MOi) examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilant les observations par satellite et in situ) et aux prévisions de modèles.[1]

Bilan pour le 30 janvier

Catégories de vagues de chaleur marine

Figure 1:  Carte des catégories de vagues de chaleur marine pour le 30 Janvier 2024 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse GLO12. Source: Mercator Ocean International 
Atlantique Nord

La surface des catégories fortes de la canicule marine présente depuis plusieurs mois  augmente le long des côtes Marocaines et au sud-ouest de la péninsule ibérique. Au large du golfe de Gascogne, l’augmentation de l’étendue de la canicule marine à un niveau fort est observé.

Mer Mediterranée

La situation reste stable dans la majeure partie du bassin, ansi que dans la partie Est, avec des canicules marines de catégories modérées à localement fortes. Ouest du bassin – une augmentation de l’étendue des catégories modérées et fortes.

Atlantique Tropical Nord

La canicule marine détectée depuis plusieurs mois est toujours présente mais les catégories fortes diminuent en superficie.

Atlantique Tropical Sud
Brésil et la Namibie – la canicule marine encore presente gagne légèrement en intensité, avec une augmentation de l’étendue des catégories fortes et sévères le long du chemin des alizés.

30°W et 30°E une canicule marine majoritairement en catégorie modérée à forte est présente.

Pacifique Tropical

Dans l’Est – la canicule marine liée à la formation d’El Niño reste majoritairement stable avec des catégories de niveau modérée à fort.

Entre 150 et 180°W – une intensification de la canicule marine, avec un passage de niveau modéré à fort.

Mer du Corail – canicule diminue en intensité avec un réduction de l’étendue des catégories fortes.

Pacifique Sud, à l’Est de Nouvelle Zélande la canicule marine présente en catégorie modérée s’intensifie, avec une plus grande étendue des catégories modérées ainsi que le développement de catégories fortes.

Océan Indien

La canicule marine présente à l’Est de Madagascar reste stable.

Mer d’Arabie – s’intensifie, avec un passage des catégories modérées à des catégories fortes le long des côtes de l’Oman, du Yémen et de la Somalie.  

Au sud du Golfe du Bengale – la canicule marine se renforce, passant de catégorie modérée à forte, et localement sévère.

Mers d’Asie du Sud Est – la canicule marine reste stable.

Anomalies hebdomadaires de température

Atlantique Nord – 1.5°C et 3°C

Mer Méditerranée – 1°C à 3°C localement

Atlantique Tropical Nord – 1°C et 2.5°C

Atlantique Tropical Sud – 1°C et 2°C

Atlantique Sud – 1°C à 3°C

Pacifique Tropical – 1.5°C et 3°C

Pacifique Sud -1.5 °C et 3°C

Mer d’Arabie – 1°C et 3°C

Mers d’Asie du Sud Est –1°C

Prévisions pour le 6 février

Figure 2: Carte d’anomalies hebdomadaires de température de surface pour la semaine du 30 janvier au 6 février 2024 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse GLO12. Source: Mercator Ocean International.

Zone Europe

Atlantique Nord – le système de prévision de Mercator Océan International (MOI) prévoit une légère intensification de la canicule marine le long des côtes Marocaines et de la Péninsule Ibérique, ainsi que dans le golfe de Gascogne.

Mer Mediterranée – la prévision annonce une intensification dans le bassin occidental en général, avec une plus grande surface couverte par des catégories fortes, ainsi que dans le bassin oriental le long des côtes Turques.

Zone Globale

Atlantique Tropical Nord – La canicule marine reste stable.

Atlantique Tropical Sud – La canicule marine entre la Namibie et la pointe du Brésil continue de gagner en intensité avec un développement des catégories fortes et sévères sur le chemin des alizés.

Atlantique Sud – entre 30°W et 30°E, la canicule marine reste stable.

Pacifique Tropical Est – reste stable avec des catégories majoritairement modérées et localement fortes dans la partie la plus à l’est du bassin.

Pacifique Tropical Ouest les canicules marines baissent en intensité avec un retour à des conditions de catégorie modérée.

Ocean Indien – en Mer d’Arabie et Golf du Bengale les vagues de chaleur marine restent stables.


Qu’est-ce qu’une vague de chaleur marine?

Les vagues de chaleur marine sont des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui a eu des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalité massive.[2]

Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ? 

Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur durant lequel la température est nettement supérieure à la normale pendant un minimum de 5 jours consécutifs. 

Figure adaptée de Hobday et al. (2018)

La normale est définie journalièrement selon une période climatique suffisamment longue (ici 1993-2016). Ainsi, Pour un endroit et un jour donné, connaissant toutes les températures de surface observées sur les 30 dernières années, on qualifie une situation de vague de chaleur lorsque la température mesurée est comprise dans les 10% des valeurs maximales observées (c’est à dire au-dessus du 90ème quantile, voir schéma), et cela au moins 5 jours de suite.     

Les caractéristiques principales des vagues de chaleur sont sa durée et son intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degré au-dessus du 90ème quantile (flèche bleue), nous pouvons soit calculer l’intensité cumulée pendant toute l’évènement de chaleur, ou relever l’intensité maximale.

Les vagues de chaleur sont catégorisées à partir de leur écart à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart supérieur à 2 fois l’écart entre le 90ème quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de catégorie forte ; un écart supérieur à 3 fois, de catégorie sévère ; et un écart supérieur à 4 fois de catégorie extrême.  


[1] Analyse des cartes d’analyse de SST OSTIA (Copernicus Marine Service), OISST (NOAA), GLO12 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), PSY4 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), et de prévision GLO12 et PSY4

[2] IPCC AR6 SYR chapter 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf

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