Mercator Ocean Bulletin: vagues de chaleur marine au 5 Décembre

Les océanographes de Mercator Ocean International (MOi) examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilant les observations par satellite et in situ) et aux prévisions de modèles.[1]

Bilan pour le 5 décembre

Catégories de vagues de chaleur marine

  • Sur la façade Atlantique, la canicule marine persiste au Sud-Ouest de la péninsule ibérique et des côtes marocaines. Elle se maintient à des niveaux modérés à localement forts.
  • Méditerranéen – la situation reste stable dans le bassin, avec essentiellement des canicules marines de catégories modérée à forte dans la partie Est.
  • Atlantique tropical nord – la canicule marine présente de la péninsule ibérique jusqu’à l’archipel des Caraïbes depuis plusieurs mois reste stable. En Mer des Caraïbes la canicule se maintient à un niveau fort. La canicule marine dans l’Atlantique sud couvrant une bande zonale de l’Afrique du Sud jusqu’au Brésil se renforce avec une augmentation de la superficie en catégorie forte.
  • Atlantique sud – la canicule marine dans la région australe de l’Atlantique sud reste stable.
  • Pacifique Tropical – la canicule marine liée à la formation d’El Niño reste stable à des niveaux d’intensité globalement modérés, et localement forts à l’Est.
  • Océan Indien (ouest) – la canicule reste stable. La bande de canicule marine à 30° de latitude sud reste stable mais diminue en superficie.
  • Mers d’Asie du Sud Est depuis plus d’un mois au niveau de la Malaisie reste stable.
Figure 1:  Carte des catégories de vagues de chaleur marine pour le 5 décembre 2023 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse GLO12. Source: Mercator Ocean International 

Anomalies hebdomadaires de température

  • Atlantique Europe – 1.5°C à 2°C
  • Méditerranée – 2°C
  • Atlantique Tropical Nord – 1°C à 1.5° C
  • Atlantique Tropical Sud – 2.5° C (autour de l’Afrique du Sud et Brésil)
  • Atlantique Sud – 1.5°C à 2°C
  • Pacifique Tropical – 1.5°C à 3°C
  • Océan Indien (ouest) – 1°C à 2°C (entre Madagascar et Australie : 1.5°C et 2.5°C)
  • Océan Indien (mers d’Asie du Sud Est) – 0.5°C à 1°C

Prévisions pour le 12 décembre

Figure 2: Carte d’anomalies hebdomadaires de température de surface pour la semaine du 6 au 12 Décembre 2023 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse GLO12. Source: Mercator Ocean International.

Zone Europe

  • Pour le 12 décembre, le système de prévision de Mercator Océan International (MOi) prévoit une légère intensification de la canicule marine au large de la péninsule ibérique et des côtes marocaines avec une augmentation de la surface de la canicule marine en catégorie forte.
  • La situation reste stable dans l’ensemble du bassin Méditerranéen.

Zone Globale 

  • Pour le 12 décembre, MOi prévoit un renforcement de l’intensité de la canicule marine présente dans l’Atlantique Tropical Nord, avec un passage de catégorie forte à sévère au large des côtes Africaines. En Mer des Caraïbes, la situation reste stable avec des catégories modérées à fortes.
  • Dans la partie Atlantique sud équatoriale et sud tropicale, la canicule marine reste présente mais l’étendue des intensités fortes s’atténue.
  • Dans le Pacifique Tropical la situation reste stable avec des catégories majoritairement modérées et localement fortes à l’Est.
  • La canicule marine présente dans l’Océan Indien se renforce au sud de l’Inde, passant de catégorie modérée à forte.
  • Dans la partie nord des mers d’Asie du Sud Est, la surface de la canicule marine en catégorie modérée augmente.

Qu’est-ce qu’une vague de chaleur marine?

Les vagues de chaleur marine sont des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui a eu des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalité massive.[2]

Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ? 

Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur durant lequel la température est nettement supérieure à la normale pendant un minimum de 5 jours consécutifs. 

Figure adaptée de Hobday et al. (2018)

La normale est définie journalièrement selon une période climatique suffisamment longue (ici 1993-2016). Ainsi, Pour un endroit et un jour donné, connaissant toutes les températures de surface observées sur les 30 dernières années, on qualifie une situation de vague de chaleur lorsque la température mesurée est comprise dans les 10% des valeurs maximales observées (c’est à dire au-dessus du 90ème quantile, voir schéma), et cela au moins 5 jours de suite.     

Les caractéristiques principales des vagues de chaleur sont sa durée et son intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degré au-dessus du 90ème quantile (flèche bleue), nous pouvons soit calculer l’intensité cumulée pendant toute l’évènement de chaleur, ou relever l’intensité maximale.

Les vagues de chaleur sont catégorisées à partir de leur écart à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart supérieur à 2 fois l’écart entre le 90ème quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de catégorie forte ; un écart supérieur à 3 fois, de catégorie sévère ; et un écart supérieur à 4 fois de catégorie extrême.  


[1] Analyse des cartes d’analyse de SST OSTIA (Copernicus Marine Service), OISST (NOAA), GLO12 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), PSY4 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), et de prévision GLO12 et PSY4

[2] IPCC AR6 SYR chapter 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf

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